Sigmund Freud (1856-1939) est un jeune homme de 29 ans lorsqu’il arrive comme élève à la Salpêtrière.
Il se rapproche rapidement de Jean Martin Charcot en lui servant de traducteur du français à l'allemand pour ses livres et ses articles, et c'est à cette occasion qu'il découvrira l’hypnose.
Il collaborera également avec Hippolyte Bernheim, un des fondateurs de « l’école de Nancy » et vivra donc les plus belles années de l’hypnose française, côtoyant les plus grands noms de l’époque, et deux courants de pensée radicalement opposés.
Mais il adoptera finalement les théories de l’école de Nancy et gardera une amitié solide avec Hippolyte Bernheim jusqu'à la fin de sa vie.
Et même s’il abandonnera la pratique de l’hypnose pour se concentrer sur l'élaboration de ses propres théories, il reconnaîtra en fin de carrière tout ce que l'hypnose a amené dans l’élaboration de la psychanalyse :
« On ne surestimera jamais trop l'importance de l'hypnotisme pour le développement de la psychanalyse. Au point de vue théorique et thérapeutique, la psychanalyse gère l'héritage qu'elle a reçu de l'hypnotisme. »
(Kurzer Abriss der Psychanalyse, 1923, G.W., p.407).
On a souvent tendance à opposer l’hypnose et la psychanalyse, mais il faut sans doute plus y voir une complémentarité. Il aura côtoyé étroitement les plus grands hypnotistes de sa génération (Pierre Janet, Jean Martin Charcot, Hyppolyte Bernheim) et ces années passées à leurs côtés auront sans aucun doute été déterminantes dans le reste de sa carrière.
Alors certes, il aura trouvé certaines limites à l’hypnose, et c’est sans doute pour cela qu’il s’en sera éloigné dans la deuxième partie de sa vie, comme il l’explique dans cette lettre :
« Si j’ai abandonné la technique par suggestion, et avec elle l’hypnose, c’est que je désespérais de rendre la suggestion aussi forte et aussi solide que cela serait nécessaire pour une guérison durable. Dans tous les cas graves, je vis la suggestion appliquée dessus disparaître en s’effritant, et voilà que l’état de maladie ou un succédané de celui-ci était de nouveau là »
Mais il reste, sans aucun doute, un des plus grands contributeurs de l’hypnose moderne, et il aura défendu cette discipline jusqu’à la fin de sa vie.